Montreux - Bright Night
Chic soirée !

Déjà Montreux. Ville où Stevie Ray Vaughan se produit alors qu'il n'avait même pas d'album. Le trip de Smoke on the water c'est Montreux. Hendrix, le demi dieu, a aussi eu le droit à son concert de rigueur. Sans parler du BB King annuel et des têtes d'affiches donnant le tourni depuis bientôt 40 ans. Bref ce festival était pour moi un espèce de mythe ou tout du moins une institution que je n'avais pas encore eu la chance de vivre. C'est chose maintenant faite.

Et il est clair que ce festival est différent. Il est, en terme de condition bassement matérielle, au dessus des autres. Ainsi, mieux vaut ne pas parler des prix des places de concert pour les têtes d'affiches.
En contre partie, plus confortable tu meurs. Plein de petites idées ou attentions sortent du lot comme par exemple le fait d'échanger le billet contre un bracelet (du type camping des eurockéennes) pour pouvoir après aller où bon nous semble sans se soucier d'être sorti ou non de la salle de concert. Autre exemple, la proximité avec l'artiste. J'ai vraiment halluciné sur ce point : pas de barrière (tout du moins pour cette soirée là), une scène quasiment à hauteur du public, bref, c'est limite si on se croirait pas dans un vulgaire café concert.

Le Montreux Jazz Festival finalement, c'est un peu la Rolls de l'été, à tout point de vue.

Nous avons donc pris nos tickets pour une soirée répondant au doux nom de Bright Night. Au programme 4 artistes/groupes (3 au départ, The Faint fut rajouté par la suite alors qu'ils ne collaient pas du tout à l'ambiance de la soirée). Début à 21h00. Fin 1h40 (arrivée à la maison 3h45).

Tout commença donc avec The Dears, des québecois dont on m'avait déjà pas mal ensensé le premier album par ici (c'est d'ailleurs comme ça que j'ai découvert). Je dois bien le dire, je venais au final avant tout pour eux devant la déception qu'avait constitué le concert de Bright Eyes aux Eurockéennes et je ne fus pas du tout déçu.
50 minutes durant, le groupe se donna à fond entre deux réflections sur la beauté du site. Une grande partie des titres du premier album y passèrent, pour mon plus grand plaisir, en particulier 22 : the death of all romance que j'affectionne particulièrement. Finalement, les deux chansons ne provenant pas de No cities left furent la première et la dernière.
Le son était parfait, les musiciens (arborant au choix des T shirt à l'effigie du Brian Jonestown Massacre ou du Velvet) de qualité et la voix du bonhomme toujours aussi grandiose. Le concert me parut durer 10 minutes à peine. Un concert franchement excellent quoique trop court.

Pause d'1/4 d'heure. Le temps de boire une mousse et de visiter à la va vite les alentours. On retourne dans la salle, le set d'Antony and the johnsons a commencé à l'instant. Je le concède, malgré l'enthousiasme de certains, je n'avais, après maintes écoutes, que moyennement apprécié I'm a bird Now que je trouvais trop minimaliste et trop "simple". Ce concert ci ne faisait donc l'objet d'aucune attente pour ma part. Et c'est peut être pour cela que je me suis une telle gifle.
Les arrangements lives des chansons sont tout bonnement somptueux, l'émotion sous jacente présente sur disque m'explosa en plein dans la gueule. A un tel point que mes yeux s'humidifièrent quelque peu lors de moment tel For today I'm a boy...
On aurait pu croire Antony timide et mal dans sa peau, il n'en est absolument rien. Car une de clé de la magie de ce concert fut clairement l'interraction, voire la complicité, avec l'audience. D'ailleurs les plus belles ovations lui furent réservées.
En une heure, l'ex choriste de Lou Reed justifia les heures de trajet accomplies et l'argent déboursé. En une heure, Antony nous fit notre soirée.

C'est avec de grands sourires qu'on ressort de la salle. 15 minutes plus tard est programmé The Faint. On décide de faire l'impasse au profit d'un Sebastien Schuller en concert gratuit un étage au dessous (!) : c'est aussi ça la magie de Montreux. Ca tombait bien, il y a longtemps que j'avais envie de le voir, le jeune Français, car j'avais flashé sur son premier album. Le concert fut sympa mais sans plus, gratuité de la performance oblige. Non pas qu'il se soit laissé aller mais la carrence venait plutôt du public, fort peu nombreux et moyennement réceptif, ne connaissant pas trop l'oeuvre du Monsieur apparemment. Mais je fus tout de même comblé, ils ont joué Wipping Willow.

L'heure passe. Le concert se déroule tranquillement. Bright Eyes, nous voilà. Finalement, deux fois sera largement suffisant pour cette tournée. J'ai d'ailleurs la vague impression que BE en live, c'était mieux avant. Cependant, il est certain que la performance de Montreux fut un nombre incalculable de fois meilleure que celle que j'avais vu quelques jours auparavant. En grande partie grâce au fait que Connor ait daigné nous parler. Il fut notamment le seul à évoquer les attentats de Londres, en introduction de Easy Lucky Free. Par conséquent, le sabordage de son clavier, et surtout de son support, à la fin du concert apparaissait presque comme "légitime", pour exprimer sa rage vis à vis de notre situation actuelle, comme le font aussi parfaitement les lyrics de la chanson précédemment évoquée.
Appart ça, on peut saluer une bien meilleure interprétation de Lover I Don't Have to Love et on peut toujours affirmer que les groupies font chier (notamment celles qui tentent de danser à l'indienne sur Arc of Time, allez comprendre...).
Bof, au final, un concert sympa, excellent par rapport au premier. Mais ça n'arrive pas à la cheville de la prestation d'Antony. L'un s'enfonce, l'autre semble émerger.

PJ (07/2005)

Photos Couleur3.ch