Indéniablement, le peuple belge a quelque chose de plus que les autres.
Au fil des années, toute une scène rock s’est forgée, avec ses leaders (Arno et dEUS) et ses petits nouveaux qui viennent régulièrement livrer des bijoux de pop rock tel Sharko, Girls in Hawaï et, ici, Ghinzu.Ghinzu donc. Nom provenant apparemment d’une sombre marque de couteau japonais. Stargasm et sa bande ne s’y sont pas trompé : leur musique est incisive et brute. Elle se loge en nous et elle y reste ! Car ce disque est une bombe, rien de moins.
Rien que la chanson titre d’ouverture justifie à elle seule l’achat de ce cd. Il est, en effet, impossible de rester insensible à « Blow », illustrant à merveille le « contemporanisme musical illuminé », à savoir un savant mélange d’électronique, de guitares vintages et d’ampli poussés au maximum. Le son est crasseux à souhait mais plus qu’efficace et c’est bien là que réside tout le génie de Ghinzu car qui, aujourd’hui, peut prétendre livrer un opus de ce calibre, sans prétention (la mégalomanie scénique du groupe est, bien sur à prendre au 5ème degré) et surtout incroyablement jouissif ? Tous ces nouveaux groupes en « The », qui bénéficièrent d’une rébarbative hype lors du retour en grande pompe du rock (sympa le concept du Nu(l) rock !!!) ? Sûrement pas (cf. The Vines ou encore The Music) !
Le reste de l’opus n’est que voyage au pays de la schizophrénie contrôlée. En effet, à l’instar de « Blow » ou the « The Dragster Wave » (influence Muse période Showbiz), on dirait que Ghinzu n’a pas voulu choisir entre la douceur et la brutalité, on les en remercie. « Jet Sex », « Cockpit Inferno » résument bien la chose : les même paroles pour deux chansons antagonistes ! On peut saluer le concept, l’exercice et surtout sa réussite. En fait, tout le cd est comparable à une montagne russe, on s’adoucit pour mieux s’énerver, et réciproquement (cf. « Mine »).
L’énergie que Ghinzu mit fut certes immense elle ne suffit tout de même pas à rendre cet opus si bon. L’autre gros plus est, à mon avis, du à la prééminence de la basse (cf. la fuzz de « 21st century crooners », instru endiablé) cet instrument essentiel et souvent trop négligé. La basse est mise en avant or celle-ci relève clairement du domaine de l’inconscient (merci Freud) : on ne l’écoute pas, on la ressent.
Ces derniers mots peuvent être, vous l’aurez compris, appliqués à tout l’album, ce qui le rend si génial. Il est marqué dans les notes du livret que cet album contient un très mauvais sort contre le piratage. Ce sort va au-delà et agit directement sur l’auditoire…
PJ (11/04)