Les Fugees… Ca vous dit quelque chose ?
En 1996, ces « réfugiés » explosaient tous les records possibles avec leur opus : The Score. Album contenant des hits inoxydables (Fugee La, Ready or Not, Killing me Softly) et du rap des plus grands crues (Cowboys, The Score).
Ayant eu la chance de les voir lors de l’un de leurs derniers concerts (à Genève), j’ai pu m’apercevoir (je m’en rappelle encore, ce fut un choc !) de la formidable cohésion scénique dont il faisait preuve. Lauryn Hill, enceinte, énorme, ne pouvait même pas se déplacer, condamner à chanter sur un tabouret, assise pour ne pas faire trop d’efforts.
Il y avait malgré cela une sacrée ambiance. Grâce à qui ? Wyclef Jean ! Qui chauffait tout le monde, courrait dans tous les sens, bref compassant largement assez pour la chanteuse vedette. Pour fêter la fin de la tournée, ils amenèrent même du champagne et des gâteaux !
Depuis, les Fugees ne se sont jamais reformés. Ils ouvrèrent tous pour leurs carrières solos plus ou moins réussies.
De ces albums solos, on s’aperçut du réel talent de chacun et, même si Lauryn Hill sortit de bonnes choses (surtout le dernier Unplugged nous plongeant dans une intimité inouïe), je dois dire que Wyclef fut le grand gagnant, car le plus talentueux.
1997, soit 1 an après The Score, il fut le premier à se lancer, en sortant The Carnival. En véritable fan que j’étais (surtout après ce concert, ah ce concert !), je me devais d’acheter cet album, histoire de… Seulement voilà, j’eu un réel problème, je fus terriblement troublé, ce cd était meilleur que … The Score ! Etait-ce possible ?
Je m’aperçus tout à coup que les Fugees en étaient arrivé là où grâce à Lauryn, mais principalement grâce à Wyclef. Ma théorie ? La belle lui faisait de l’ombre, les médias ne s’y intéressaient pas tant que ça. Erreur ! Magistrale qui plus est ! Les Fugees, leur talent, c’était bien grâce à lui ! J en suis persuadé !
Car oui, The Carnival est toujours, à ce jour, le meilleur album de rap que j’ai jamais entendu.
Pourquoi ? Premièrement car Wyclef en assez chié dans sa vie, avant d’être une star, pour s’apercevoir qu’il était de son devoir de continuer à se démarquer des autres et de ne pas se limiter à des sujets sur les « bitches » et les « guns ».
Deuxièmement, cet album est du rap mais pas uniquement. Je défie en effet quiconque d’écouter la galette sans l’aimer. Tout le monde, même les allergiques au rap, comprendra à quel point ce gars est un bon.
Wyclef est un magicien. Capable de transformer une vieille chanson traditionnelle sud-américaine en un véritable hymne (Guantanamera).
On frise la perféction, le splendide (sans abusé !) avec Apocalypse (et son sample du concertopour une voix de Saint Preux) mais on l’atteint, le splendide, avec Gone ‘Til November, tout simplement, à mon avis, la plus belle chanson de rap jamais écrite (que de superlatifs …). Enregistré avec l’orchestre philharmonique de New York, cette chanson est si belle justement grâce à cette touche additionnelle, composée d’une mélodie à la guitare et d’envolées au violon (l’orchestre). Rien que pour Gone ‘Til November, on se doit d’avoir le cd….
Comme si ça ne suffisait pas, il y en a aussi pour les amateurs de disco avec We’re trying to stay alive, reprise des Bee-Gees, même si ça sonne un peu trop « formaté ».
En plus de la disco, il y a aussi des petites ballades que vous vous devez de découvrir telle Mona Lisa, soi disant (selon les paroles), la première chanson d’amour qu’il ait écrite.
Le véritable bonus, on garde encore le meilleure (si meilleur il y a) pour la fin, c’est bien la présence, finalement pas si surprenante que ça, de chansons en créole !
Mr. Jean nous éloigne totalement du rap pour nous faire découvrir par le biais de la musique ses racines, Haïti. Mise à part le fait qu’on puisse comprendre les chansons (l’haïtien étant un dérive du français, ex-colonie oblige…), leur présence nous prouve que Wyclef n’a pas oublié les siens (les Refugee All Star) et n’hésite pas à les faire chanter.
Bref, à mi-chemin entre Zouk Reggae et Rock, Jaspora, Yelé et Carnival (le titre épynonyme, ce n’est pas un hasard…) permettent à l’album de se terminer en apothéose.
A noter enfin que, pour les plus nostalgiques, les 2 autres voix des Fugees (Lauryn et Praz) sont présentes tout au long de l’album et plus particulièrement sur Year of the Dragon et Sang Fézi (Praz chante aussi en créole).
Comme l’indiquera le titre de son 2ème album, Wyclef est un éclectique et The Carnival le démontre bien. Il faut aussi savoir que au delà de l’excellent rappeur, il y aussi un producteur hors du commun bénéficiant d’une très grande réputation en prouvant qu’il peut faire de l’or avec les démodés (Maria Maria de Santana c’est lui !) et les nouveaux talents (Black Eyed Peas). Il s’est d’ailleurs autoproduit sur The Carnival.
Tout sauf monotone, cet album vous plaira, c’est sur, de part ses différentes facettes, très variées.
Un Must Have, inégalé jusqu’à aujourd’hui même par son auteur lui-même (assez décevant le dernier album, je dois l’avouer…)PJ (08/10/2003)