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Jeff Buckley ou l'illustration d'un destin tragique...

Jeff n'a jamais connu son célèbre père Tim, songwriter réputé période 60's.

Il a pourtant toujours combattu l'image du fils qui profite que papa ait été connu pour lui aussi faire de la musique. Ainsi, il est souvent allé à l'opposé de ce qu'a pu produire son père.

Buckley fils n'a pu enregistré et finalisé qu'un disque mais quel chef d'oeuvre! Chef d'oeuvre à tout point de vue qu'il soit musical, vocal ou encore novateur...

Déjà très fort à la guitare, Jeff possédait une voix aussi atypique que magnifique, une voix planante digne des plus belles. Il arrivait en effet à monter dans les aigus sans que cela ne sonne ni pompeux ni horrible à écouter (M. Bellamy, le chanteur de Muse devrait en prendre note...).

"Grace" est un titre parfait pour ce Lp. Les chansons sont toutes plus divines les unes que les autres et on passe sans problème d'une mélodie électrique, enragée à une ballade magique toujours avec cette voix si caractéristique.

On sent que l'artiste y a mis toutes ses trippes et à certains passages, notamment grace aux lyrics, on jurerait qu'il n'a plus rien à perdre, qu'il donne tout comme si l'apocalypse était proche....

Jeff est mort assez prématurément. Pendant l'enregistrement du deuxième album (My Sweetheart The Drunk ndlr), Buckley décida, un soir, d'aller piquer une tête pour se relaxer dans le Mississippi tout proche du studio où il enregistrait. Pas assez prudent, il se noya, emporté par le courant. A noter que, lors de l'autopsie, on ne découvrit aucune trace de drogue ou d'alcool.

La façon dont il a si vite disparu, ne laissant derrière lui qu'un unique chef d'oeuvre, a aussi contribué au fait qu'il soit devenu une légende, tel un ange venu sur terre le temps de léguer son héritage. Il était aussi réputé pour sa beauté (élu à son époque par un magasine people dans les 100 plus beaux hommes au monde) et cela ajouta encore ses lettres de noblesse au mythe Buckley.

Mais, au delà des apparences physiques, Jeff était aussi un compositeur hors pair (Ah! Grace! Quelle magnifique chanson) et les reprises effectuées sur son unique opus firent preuve d'un indéniable bon goût pour la musique, toute sorte de musique (il était fan d'Edith Piaf).

Il y avait aussi la "touche Buckley". Les chansons qu'il reprenait n’étaient jamais de simple "copié/collé". D'ailleurs, quel meilleur exemple que cette fameuse reprise de Leonard Cohen : Hallelujah ? Cette version est à mon avis une des plus belles chansons jamais interprétées. Personne ne peut en ressortir indemne après la première écoute, on est obligé d'être traumatisé, chamboulé intérieurement par la beauté de la voix et du texte et je défie quiconque de l'écouter sans aucune émotion ! A noter que cette chanson est uniquement jouée avec une guitare ce qui accroît encore le coté intimiste et vrai.

Les ballades à part, nombreux sont les moments épiques qui étoffent cet album. Accompagné de guitares plus qu'électriques, les paroles telles " Attends dans le feu ! ", " J'ai peur de t'aimer " prennent tout leur sens. On est d'ailleurs obligé de se procurer les lyrics (malheureusement absente du livret de l'album) pour jouir pleinement de "Grace".

Bref, vous l'aurez compris aucun adjectif n'est assez fort ou précis pour exprimer ce qu'on ressent à l'écoute de "Grace" et surtout de cette voix incantatoire et torturée. Ce cd est tout bonnement unique en son genre. Alors, n'attendez plus et procurez le vous, surtout qu'aucune excuse n'est bonne vu qu'il est maintenant disponible pour seulement 8.99 €.

Suite à son décès, une foule de cd plus ou moins réussi sont apparus, Sony étant bien sur obligé de rentabiliser et la demande des fans étant insatiable...

Ainsi je vous conseille "Sketches for my Sweetheart The Drunk" qui est un bon aperçu de ce que la suite de "Grace" aurait pu être.

Le "Live à l'Olympia" (exclusivité franco-australienne) est aussi une excellente démonstration de la relation très spéciale qui s'était nouée entre Jeff et la France.

Enfin, le dernier cd sorti où Jeff est en duo avec Gary Lucas nous fais découvrir Buckley dans sa période "pré-Grace" et on s'aperçoit que la flamme qui brûlait en lui était déjà très "éméchée"....

Tous ces opus (et j'en ai beaucoup oublié) sont très intéressant si on veut aller plus loin, mais, aucune comparaison n'est possible avec "Grace".

PJ (16/07/2003)

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