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Prado et loterie - 4/12/06

Je reviens de la capitale où je suis allé passer la fin de semaine. Madrid est une ville tentaculaire dans le plus pur des styles, avec des voitures partout et un joli petit nuage gris le surplombant. Madrid n'est pas vraiment très belle mais (comme le dit la chanson) elle doit être faite pour moi. Parce que les trois jours que je viens d'y passer furent, culturellement parlant, riches et instructifs.

Au départ, il y avait bien sur un prétexte : un concert ! Mon premier VRAI concert depuis l'été et ses festivals qui me sont chers. Un concert où j'ai payé l'entrée et où j'étais réellement content et excité à l'idée d'y aller. En gros, un concert d'un artiste qui m'était cher (J Tweedy).

Le reste du week end s'est divisé entre les musées, la FNAC et les puces. Mais surtout les musées à vrai dire. En bon touriste, à la fin du samedi, j'étais sur les rotules, avec pas mal de kilomètres dans les jambes : Saine fatigue.

J'ai donc fait les musées du Prado et de la Reine Sofia, pour mon plus grand plaisir. A dire vrai, j'ai préféré le Prado au Louvre. Parce que si ce musée à une fonction c'est avant tout d'exposer Goya. Et j'ai eu le premier vrai coup de cœur de ma vie avec Goya. Le genre de sensation qui vous prend à la gorge et qui vous oblige à rester devant des toiles pendant 3 quarts d'heure, ne sachant que faire devant tant de virtuosité. A vrai dire, je croyais ne pas être assez « éclairé » dans le domaine pour apprécier une oeuvre à sa juste valeur mais je suis tout simplement tombé amoureux des peintures noires (qui sont noires dans tous les sens du terme). On dirait que c'est toujours en fin de vie que les artistes peignent avec leur âme (voilà une bien belle généralité basée sur Goya et Van Gogh mais qui, j'en suis sur, et fausse). Rien que pour cette expérience, je ne regrette pas mon WE, car je n'avais jamais ressenti autant de sensation devant une toile auparavant (El Perro semihundido fut un réel choc). Il faut que vous voyiez cette toile, même si ce n'est que sur papier (ou écran), même si une fois encore, je me suis de la nécessité de voir une œuvre « en vrai ». Ce « chien à moitié enterré » (on donna des noms arbitraires à chacune des 15 toiles qui constituent la collection car il n'y en avait pas, étant donné que Goya avait peint à même la tapisserie de sa maison) exerce un espèce de pouvoir attractif hors du commun alors qu'il ne s'agit que d'une simple tête de chien immergé dans des nuances de jaune. Impossible à expliquer, il faut le voir pour comprendre.

J'ai donc ensuite embrayé sur le musée de la Reine Sofia avant tout connu pour le fait que Guernica soit exposé (c'était aussi la principale raison de ma venue). Concernant cette toile dont j'ai tellement entendu parlé, je fus un peu déçu quand à sa taille… (!) On m'a tellement rabâché sa grandeur que je le voyais gigantesque. Elle est immense il est vrai, mais pas non plus gigantesque. Enfin, il y avait aussi des Dali (pas fan du tout) et des Miro et des Picasso. Plein de peintres ayant migré en France à cause du contexte politique de l'époque…

Après une soirée passée à regarder un film avec Barbara Streisand que j'ai confondu avec Susanne Sarandon et une bonne nuit de sommeil, j'ai passé le dimanche aux puces. Je pensais me retrouver devant un St Ouen bis. Mais il n'en fut rien. Il s'agissait par-dessus tout de vêtement. L'intérêt, une fois encore, était ailleurs : dans la population. A l'instar cette fois des puces de Paris, on était dans un quartier populaire (pourtant à deux pas de la Plaza Mayor) et c'était quelque chose. Les mémés qui chantent à tue tête en plein milieu de la foule (véridique !), les gitans qui se promènent avec un ampli crachant de la vieille variet et faisant la quête non pas aux passants mais aux gens qui venaient leur gueuler dessus de leur balcon, les anarchistes militant pour une Espagne républicaine et surtout les vieux vendant des tickets de loterie.

A ce sujet, il est assez intéressant de voir qu'en Espagne, le contexte des jeux de hasard est totalement différent du français… Pas de monopole de l'Etat, ce qui amène à une dizaine de loteries différentes dont une, la plus connue, la « loteria de navidad » organisé par l'Etat tous les Noël où tous les bénéfices sont reversés dans les gains. Le système est très différent dans le sens où il y a 200 coupons portant le même numéro et où les gagnants se partagent les biens. Du coup, il y a un tirage avec beaucoup de lots et le prix du ticket est à vingt euros. Pas mal de personne dans le besoin en achète moins cher pour ensuite les revendre au prix normal ce qui nous donne dans les rues pleins de petits vieux avec autant de slogans différents, à hurler un peu partout qu'aujourd'hui est notre jour de chance.
Il y aussi dans le même genre la ONCE (qui n'est pas qu'une équipe du tour de France) fondée par un aveugle. Le principe est simple là encore : faire vendre des jeux de chance à des gens avec un handicap physique ou un handicap mental léger et les rémunérer (peu importe si ils font du bénéfice). C'est finalement une certaine façon les insérer dans la vie active. L'idée, je trouve, est bonne et mérite d'être méditée.

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